Capital vital
S’adapter !
Tel est sans doute le mot d’ordre le plus directif pour une organisation empreinte à évoluer au sein d’une économie en mutation forcée.
Comment se financer à l’heure du désendettement accéléré ?
En France, l’innovation sociale bénéficie d‘une reconnaissance législative depuis 2014, elle s’intègre dans certaines politiques publiques et dispose d’un soutien financier de la part des autorités française et européenne (Fonds social européen – FSE). Elle a par ailleurs la possibilité de profiter de certains dispositifs d’accompagnement.
Il existe un Fonds d’innovation sociale (FISO) pour soutenir l’innovation sociale dans les territoires, 4.8 millions d’euros ont été investis entre 2015 et 2017. La France a bénéficié, entre 2014 et 2020, d’une subvention de 16 millions d’euros de la part du FSE, dont la redistribution a été gérée par l’AVISE.
Il n’en demeure pas moins qu’en 2020, la Commission européenne a estimé qu’il manquait chaque année aux entreprises sociales européennes entre 321 et 783 millions d’euros de financement et entre 230 et 680 millions d’euros en fonds propres. Pas facile donc, pour les structures porteuses d’innovation sociale de déployer sereinement leur activité. Le contexte français fait apparaître des difficultés accrues concernant notamment le fonds d’amorçage, rendant l’émergence de projet encore plus difficile, car c’est annuellement plusieurs dizaines de millions qu’il manque. Tant bien que mal, il faut donc se tourner sur les soutiens privés pour espérer mettre sur pied le démarrage d’une organisation porteuse d’innovation sociale de dimension nationale ou internationale.
Si l’on regarde de plus près le financement des Think tanks, qui représentent en principe les creusets sous-jacents de la fabrication et la diffusion d’idées structurées en passe de devenir des innovations, sauf à faire partie de l’establishment, les subventions se distribuent de façon congrue. La pénurie des financements publics pour soutenir l’émergence de nouvelles idées concrètes à exploiter invite de surcroît ces organisations à la débrouille.
Pas facile donc de trouver des moyens pour assurer démarrage, développement et pérennité d’une activité destinée à réfléchir à des problématiques d’intérêt général. On pourrait aisément admettre que la recherche ayant pour objet l’intérêt général soit financée par la puissance publique, mais se serait priver celle-ci d’une certaine indépendance caractéristique d’une recherche libre de toute pression même subconsciente. Et puis à l’heure du désendettement accéléré, il devient délicat et sans doute déjà trop tard pour compter massivement sur les deniers publics pour alimenter les prochaines créations d’activités nouvelles.
Au moment où les luttes partisanes et les lobbies se déploient à grands pas, il devient pourtant de plus en plus nécessaire de restaurer les visées d’intérêt général qui mettent en avant la cause de tous, plutôt que de la voir se monopoliser au bénéfice de quelques-uns.
L’IEREE est donc face à son destin et, en pareil cas, il semble raisonnable de miser sur une diversité de sources de financements. Car, en en fin de compte, n’en revient-il pas un peu à chacun (Etat, collectivité territoriales, entreprises, fondations, mécènes, citoyens) de participer au financement des innovations sociales qui visent à satisfaire l’intérêt général ?
Assurer sa survie et la finalité de toute organisation, l’exercice est devenu difficile, la roue tourne et le compteur pour l’IEREE reste ouvert…
Michel KUKULA-DESCELERS,
Trésorier de l’IEREE