Quel progrès social pour ce siècle ?
Au terme de ce premier quart de siècle, on pourrait se demander s’il existe une dynamique porteuse d’un progrès social net qui marquera ce XXIe siècle ?
Il y a un demi-siècle, la société française ne comptabilisait ni chômage, ni dette publique. Aujourd’hui, personne ne contestera le fait que celle-ci s’est désormais totalement enlisée, sans qu’aucune force contraire n’ait pu l’en empêcher, dans une ornière : celle d’un chômage massif et d’une dette publique exorbitante. En cinquante ans, malgré des progrès technologiques inouïs, nous sommes passé de zéro chômeur et zéro dette à 6 millions de chômeurs et 3 000 milliards de dettes. Avec le recul, le plongeon est flagrant !
Rien n’est plus aveuglant que ce qui devrait nous « crever les yeux », comme le dit à peu près dans ces termes Teilhard de Chardin.
C’est pourquoi, ne pas parvenant à faire reculer cette tendance solidement ancrée, on s’imagine que sans un sursaut disruptif, cette société finira dissolue faute de n’avoir pu s’extirper à temps de ces difficultés qui l’asphyxient sournoisement. Il est fort probable que cette asphyxie sociale advienne avant même que le dérèglement climatique ne s’en soit chargé (chômage et dette grimpant assurément plus vite que les degrés).
La logique voudrait donc que l’urgence économique passe avant l’urgence climatique, mais il n’en est rien. Les deux étant indissociables, il nous faut donc composer autrement.
Il faut dire que les grands penseurs de la société (on songe à Saint- Simon, Owen, Fourier, Proudhon, Blanc, Godin) ont complètement disparu et, de ce fait, les desseins n’affluent guère de nos jours. On s’arrache le pouvoir sans jamais avoir cherché préalablement à penser nos problèmes économiques et sociaux en profondeur. Dès lors, nous n’avons droit qu’à une politique de petits pansements de-ci de-là sur une plaie économique et sociale béante, ce qui ne donne évidemment aucun résultat probant.
Les luttes sociales ne peuvent pas être les seuls moteurs du progrès et du reste, cette fois, elles n’y pourront rien au regard de la nature des difficultés à résoudre. Car, il nous faut des idées réfléchies, construites et expérimentables en vue d’un avenir socialement désirable. L’Europe entière est confrontée à cette même problématique. C’est pourquoi, l’IEREE est né en misant et en comptant sur les citoyens, car c’est désormais pour et avec eux que les transformations silencieuses doivent se faire.
Le pari n’est pas gagné mais il reste ouvert…
Philippe TONOLO
1er juin 2023
Président de l’IEREE